ARKÉO FABRIK

La grotte Tournié, dans la Montagne Noire (sud-est de Saint-Pons dans l'Hérault) a été fouillée de 1970 à 1978 sous la direction de Paul Ambert. Parmi les niveaux archéologiques qui se succèdent du Néolithique ancien à l'Âge du Bronze final, le Néolithique final a livré de nombreux éléments de parure.

Il s'agit là d'un très riche corpus, tant dans ses formes que par ses matériaux : dents animales perforées, pendeloques en os peu transformés ou au contraire très travaillés, en bois de cerf, en coquillage et  perles en pierre, essentiellement calcaire, stéatite et lignite.

A la demande de l'association ETWAS, nous en avons réalisé des fac-similés, afin de  faciliter leurs interventions en milieu scolaire et de permettre un travail d'analyse des parures et de leurs traces de façonnage, comme s'il s'agissait de réels bijoux préhistoriques. 

Nous profitons de cet article sur la parure pour y insérer une petite vidéo réalisée en 2021 par Julien Lejeune,  notre vidéaste préféré. Dans cette séquence, nous revenons en détail sur les perçoirs, comment les fabriquer, comment bien les emmancher pour une utilisation efficace et comment les utiliser. 

Ajoutons à cela quelques images de parures néolithiques réalisées depuis... 

Un petit retour en images sur plusieurs mallettes réalisées ces dernières années autour de quelques objets incontournables de la culture matérielle des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique. De l'industrie lithique bien sûr, mais aussi osseuse, un peu de parure et quelques éléments d'art mobilier pour bien lier le tout !

Elles sont utilisées dans différents services pédagogiques, par exemple au Musée Bargoin à Clermont-Ferrand, à Langeac dans l'Allier, au Conseil départemental de l'Essonne, à l'Espace d'Aventures Archéologiques du Val-de-Marne où elle est mise à la disposition des enseignants du département, et même en Italie, à la Cooperativa Sociale IMPACT.

Un petit retour en images sur quelques expérimentations et productions lithiques de 2020.  

Nous vous souhaitons une très belle année 2021, sereine et optimiste... Nous serons ravis de vous retrouver au fil de l'année sur ce blog pour partager nos actualités, réalisations, expérimentations et autres projets, que l'on espère aussi variés que passionnants !

Chloé & Jérémie

Reproduction d'un collier du Néolithique final (3500-2100 avant notre ère), conservé au Musée de Lodève (Hérault). Il est composé de 31 perles cylindriques en calcite et 46 perles discoïdes en argile cuite. Il provient de la grotte sépulcrale de Traucade II, Saint-Julien-de-la-Nef (Collection G.B. Arnal).

Les perles cylindriques sont réalisées en calcite. Elles sont mises en forme par abrasion sur un polissoir en grès grossier. Un fois ébauchés, les cylindres sont perforés à l'aide d'un perçoir en silex mis en rotation manuellement ou à l'aide d'un archet ou d'un foret à pompe. La perforation est biconique, c'est à dire réalisée conjointement à partir des deux extrémités de l'ébauche. Après perforation, les finitions sont réalisées sur un polissoir en grès fin. Les perles sont enfin lustrées sur une pièce de cuir avec de l'eau et un abrasif fin (sable fin ou cendres).  

Les perles en céramique sont réalisées avec une argile finement dégraissée, à partir d'un cylindre façonné, bien calibré. Les perles sont découpées et perforées lorsque l'argile a légèrement séché (à consistance ''cuir''). Les perles sont ensuite cuite au feu de bois, à l'intérieur d'une autre céramique, ce qui favorise une atmosphère de cuisson pauvre en oxygène et leur confère une belle couleur sombre. 

Nous avons réalisé pour l'occasion, un court film illustrant les différentes étapes de fabrication des perles en calcite. Nous remercions tout particulièrement Julien Lejeune qui a assuré la réalisation et le montage du film, pour sa grande patience et son implication dans ce projet. 

Nous avons travaillé récemment à la réalisation de cordes d'arc en fibres végétales et animales pour le projet expérimental "Arcs Oise" dédié à l'archerie néolithique.

Les cordes ont été réalisées en liber de tilleul et en tendon, avec une technique simple de torsade à 2 brins. Pour le liber, l'écorce de tilleul a été récoltée début Juin, mise à rouir pendant plusieurs semaines, rincée puis préparée fin Aout. Le tendon a été séché puis battu avant d'être défibré et trié. 

La technique de cordage permet d'ajouter et de solidariser régulièrement de nouveaux faisceaux de fibres ce qui ne limite pas la longueur de la corde à celle des fibres. Il faut entre 5 et 10 minutes pour réaliser 20cm de corde.

Les cordes finies mesurent environ 1,80m. Cela dépasse la longueur des arcs (en moyenne 1,30 à 1.50m) mais permet de réaliser les nœuds d'attache à chaque extrémités de la corde.

Une fois terminées, les cordes en liber sont cirées et celles en tendon enduites de colle d'os, de façon à augmenter leur stabilité et leur résistance à l'humidité.  

Suite à cet article, nous avons été associé à un projet passionnant, mené par Oliver Charnay et des étudiants de l’Ecole Centrale de Lyon. Plusieurs acteurs en archéologie expérimentale sont réunis pour reconstituer une baliste antique romaine (1er siècle avant notre ère).

Les textes antiques mentionnent pour la baliste en question, un système de propulsion de boulet en pierre grâce à de gros ressorts constitués de fibres de tendons. Notre collaboration permettra de réaliser des expériences de résistance du tendon afin de créer une fibre synthétique moderne pour pallier à la grande quantité de tendon nécessaire à cette réalisation et en renforcer l'usage en terme de durabilité et de sécurité. 

Un petit retour en images sur notre tournée 2020, un peu chaotique, entre annulations, reports, masques et autres solutions hydroalcooliques…  

Un périple un peu saccadé surtout centré en Nouvelle-Aquitaine et en région Parisienne. Nous nous sommes rendus à plusieurs reprises au Musée de Bougon dans les Deux-Sèvres et à l'Archéosite de la Haute-Île en Seine-Saint-Denis et plus ponctuellement au Musée d'Angoulême, à l'Écomusée du Véron, au Chronographe de Nantes, à l'Espace d'Interprétation du Gallo-Romain des Bouchauds à Rouillac et à la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette.

Nos différentes prestations nous ont permis de proposer à un large public des démonstrations et ateliers autour de la céramique et du tissage néolithique, de la taille du silex, du travail des matières dures animales, des techniques du feu, de la métallurgie et des outils agricoles néolithiques.

Malgré les circonstances, le public y était chaleureux et enthousiaste pour partager notre engouement pour les techniques préhistoriques et antiques.

Un très grand merci à tous les collègues qui nous ont fait confiance et accueillis dans leurs structures dans les meilleures conditions ainsi qu'aux anonymes, petits et grands qui ont été nombreux à suivre nos ateliers et démonstrations!

Un petit retour en images sur quelques reproductions de céramiques de la fin de l'Âge du Bronze et du Premier Âge du Fer découvertes dans le département de l'Hérault. Elles ont été réalisées pour le Service Archéologique de la Communauté d'Agglomération Hérault Méditerranée qui œuvre dans le domaine de l'Archéologie et de la Médiation.

S'ajoutent à ces premières céramiques de l'âge du Bronze et du Fer, quelques unes réalisées depuis pour différents partenaires.

Quelques images de réalisations terminées depuis peu pour le Musée MUMA de Dzaoudzi, département de Mayotte.

Il s'agit d'un module de fouille anthropologique d'une sépulture découverte sur le site médiéval d'Antsiraka Boira, dans la baie d'Acoua, au nord-ouest de l'île de Grande-Terre de Mayotte.

Sur ce site, fouillé entre 2012 et 2014, sous la direction de Martial Pauly et Marine Ferrandis, une nécropole médiévale des XIIèmes et XIIIèmes siècles de notre ère a été découverte. Les bonnes conditions de conservation des vestiges ont permis de retracer avec acuité les gestes funéraires des inhumations. Le mobilier d'accompagnement, riche notamment de milliers de perles et de céramiques, montre des liens forts avec l'Inde (perles en pâte de verre et en cornaline) et avec la zone swahilie d'Afrique Orientale (perles en coquillage et céramique musulmane).

Nous avons également réalisé quelques reproductions de céramiques médiévales du IXème au XIVème découvertes à Acoua et sur d'autres sites de Mayotte.

Deux projets, deux expérimentations de longue haleine et deux publications toutes récentes !

Le premier projet concerne la technologie lithique des populations néolithiques du sud de l'Arabie. Nos recherches, publiées en ligne sur PLOS ONE, reviennent sur une convergence technique partagée par les populations du continent américain et de la péninsule arabique : le flûtage des pointes de projectile en pierre taillée. Une approche expérimentale et statistique, qui permet de mieux cerner les modalités d'exécution de cette technique originale et d'identifier ce qui rapproche et éloigne sa mise oeuvre au sein de ces deux sphères géographiques. 

Le second projet concerne les expérimentations menées depuis plusieurs années sur les débitages par pression et différents systèmes permettant de renforcer la pression avec l'aide d'un levier.

Notre article ''Tell Arqa, Bronze Age macro-blade debitage with a lever: archaeological and experimental approaches'' écrit avec Florine Marchand et Frédéric Abbès est publié chez Archaeopress dans un volume intitulé Stone in Metal Ages. Nous y développons une étude menée sur du matériel issu des niveaux de l'Âge du Bronze du site libanais de Tell Arqa et des séries expérimentales réalisées par pression au levier entre 2012 et 2016.

Disponible en Open Acces sur le site d'Archaeopress pour se faire une petite idée de nos expérimentations et de leurs résultats.